Philippe Sollers

 

Philippe Sollers - Fugues

Philippe Sollers Fugues

Éditions Gallimard

 

Avertissement

 

 

 

Ce volume est la suite logique de La Guerre du Goût (1994), d’Éloge de l’infini (2001), et de Discours Parfait (2010). Jamais trois sans quatre.

 

Une fugue, je n’apprends rien au lecteur, est une composition musicale qui donne l’impression d’une fuite et d’une poursuite par l’entrée successive des voix et la reprise d’un même thème, et qui comprend différentes parties : l’exposition, le développement, la strette. La strette, comme on sait, est la partie d’une fugue précédant la conclusion, où les entrées du thème se multiplient et se chevauchent. Les thèmes sont ici multiples, mais, en réalité, il n’y en a qu’un : la formulation comme passion dominante.

 

Le mot « fugue » a aussi un autre sens, toujours musical : les enfants rebelles font souvent des fugues dans la nature. Il ne leur arrive pas forcément malheur. Il est vrai qu’ils ne deviennent pas universitaires ou membres des institutions académiques. Leur tempérament est foncièrement anarchiste. Leurs choix sont variés, mais tendent tous à la liberté.

 

En 1985, paraissait un curieux roman, Portrait du Joueur, dont voici le début :

« Eh bien, croyez-moi, je cours encore… Un vrai cauchemar éveillé… Avec, à mes trousses, la secte des bonnets rouges… Ou verts… Ou marron… Ou caca d’oie… Ou violets… Ou gris… Comme vous voudrez… Le Tibet de base… Singes, hyènes, lamas, perroquets, cobras… Muets à mimiques, tordus, érectiles… HypervenimeuxPoulpeux… Un paquet de sorciers et sorcières, un train d’ondes et de vibrations…

(…)

L’anti-littérature au complet !… »

 

L’anti-littérature, sans doute, mais aussi, de plus en plus, l’absence totale de pensée. A travers mille difficultés et ennuis, j’ai fait ce que j’ai pu, lecteur. Cependant, je crois à ton avenir d’éclaircie, et j’espère que tu cours encore.

 

 

 

Philippe Sollers

 

Paris, mai 2012

 

➢ « Je ne vois pas l'apocalypse, je vois l'aurore », entretien dans Transfuge

Philippe Sollers, photo Sophie Zhang

 

 

 

 

 


 

 

 
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