Philippe Sollers

INTERVENTION

 

 

L’exposition d'Andy Warhol à Pékin et à Shanghai en 2013, aura lieu sans la fameuse série de Mao, rejetée et censurée, par le gouvernement chinois quelques semaines avant l’exposition.

 

Philippe Sollers

Interventions

 

I.

 

  La vérité passe toujours par la représentation. Les lourds bureaucrates chinois qui s’enrichissent sans mesure sur le dos du peuple, et qui, désormais, occupent partout des places de choix dans la valse des marchés financiers, ne peuvent pas supporter la représentation authentique de Mao, leur cauchemar, exécutée par un des grands artistes du XXe siècle (à côté de qui Edward Hopper, célébré par l’académicien français Marc Fumaroli, n’est qu’un banal représentant du réalisme socialiste): Andy Warhol. Il a peint ces portraits en 1972 - 1974, au moment même où je me trouvais à Pékin en parfaite communication spirituelle avec lui. Le vrai jour de la raison se lèvera enfin en Chine, lorsque l’un des portraits magnifiques de Mao, peints par Warhol, remplacera la photographie périmée qui persiste encore à l’entrée de la Cité interdite. Que les réactionnaires du monde entier tremblent ! Que les académiciens trépignent !  Que les milliardaires chinois  se déchaînent ! La véritable histoire est en marche et rien ne l’arrêtera. Pour plus d’informations, lire Mao était-il fou ? dans Fugues (Gallimard, 2012).

 

  Le chemin est tortueux, mais l’avenir chinois (notamment à Bordeaux) est radieux !

 

Philippe Sollers, Shanghai, dimanche 30 décembre 2012, 19h15

 

 

II.

 

 

  J’étais à Rome le 24 décembre avant la grande messe de Noël admirablement exécutée par ce grand professionnel qu’est le pape Benoît XVI. Je m’étais entretenu avec lui dans l’après-midi pour mettre le dernier point à son appel aux dirigeants chinois pour obtenir plus de respect des religions. Ce « religions » au pluriel, ne m’a pas convaincu, puisqu’il s’agit avant tout, dans la stratégie du Saint-Siège, d’obtenir des mesures nouvelles de reconnaissance de la véritable Église catholique en Chine. Pour plus d’informations, voir dans la Bibliothèque chinoise, dirigée par Anne Cheng et Marc Kalinowski (Paris, Les Belles Lettres), la traduction prochaine du texte La Vraie Signification du Seigneur du Ciel, écrit en chinois par le grand jésuite Matteo Ricci, enterré à Pékin. Dois-je rappeler aux obscurantistes de mon temps, que les jésuites ont été les premiers, avant moi, à s’intéresser à la nervure de la culture chinoise ?

 

  L’avenir de Rome se joue en Chine. Tout obscurantiste fanatique le devine et s’en plaint.

 

Philippe Sollers, Shanghai, dimanche, 30 décembre 2012, 19h30

 


 

 

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