Je
m’étonne beaucoup d’apprendre que vous avez validé au nom de la ville de
Bordeaux l’incroyable changement de noms de certains vins du terroir, qui
deviennent des appellations du folklore chinois (via Hong Kong) et c’est ainsi
que débarque chez nous le lapin impérial, le lapin d’or, l’antilope tibétaine,
et la grande antilope. Je ne suis pas excessivement curieux de connaître la vie
de ces animaux, n’ayant jamais rencontré, dans mon enfance à Bordeaux, le
moindre lapin impérial ni la moindre antilope tibétaine. N’y a-t-il aucun moyen
de réattribuer ce vin à sa source légitime, fixée par les siècles ? En
tout cas, je trouve toute cette affaire consternante.
Bien
amicalement à vous, cher Alain,
Philippe
Sollers
P.-S.
Une amie chinoise (heureusement pas de Hong Kong) me dit que ces appellations
cocasses ne concernent que le marché chinois. Il n’en reste pas moins que j’ai
vu à la télévision les plaques qui signalent ces endroits, où l’on doit
chercher, je suppose, à quatre pattes, le lapin impérial. L’ancien nom français
étant le Château Saint-Pierre, je pense que ces braves financiers de Hong Kong
ne l’emporteront pas au paradis.