Philippe Sollers

Bordeaux, jeudi 13 février 2014, 18h

Librairie Mollat

Rencontre avec Philippe Sollers

à l'occasion de la publication de son nouveau roman Médium

vidéo de la rencontre

 

Bordeaux, Philippe Sollers chez Mollat
Par Marc Pautrel, 13 février 2014

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Photo © Marc Pautrel

Passage de Philippe Sollers à la librairie Mollat pour présenter son nouveau roman, Médium (Ed. Gallimard, 176 p., 17,50 €).

 

Grande affluence dans deux salles, le salon Albert Mollat à l'étage, et la salle du 91 au rez-de-chaussée où un écran vidéo projetait la conférence, conférence également retransmise en direct sur Internet. Philippe Sollers était en grande forme, ironique, combatif, drôle, dénonçant la politique "en scooter", ou l'argent fou des marchés financiers qui l'espace d'un claquement de doigts font disparaître des milliards. Parlant de la situation actuelle, il a précisé : "Après la 'France moisie', je propose maintenant la 'France gâteuse'."

Au cours de la rencontre, le beau film de G.K. Galabov et Sophie Zhang a également été projeté dans sa version intégrale de 30 minutes; il s'ouvre sur un discours de la Reine d'Angleterre, précédé du God Save The Queen qui a donc de nouveau résonné très logiquement à Bordeaux, ville anglaise (anglaise et espagnole) s'il en est.

J'ai noté à la volée sur mon calepin quelques remarques de l'auteur de Femmes. Par exemple : "L'Angleterre, c'est mon drapeau", "Ce livre est un manuel de contre-folie avec des preuves et la façon de se comporter", "Il faut se décaler par rapport à un monde qui rend fou", "C'est un roman métaphysique", "Le corps humain est en cours d'expropriation". Deux remèdes à la folie : "massages et prise de substances".

Philippe Sollers a encore expliqué : "Je parle au nom d'une intimité qui ne se laisse pas faire", "La politique est morte, il faut donc faire autrement", "La question est celle de la durée : qu'est-ce qui dure ? Les gens hélas ne croient plus à la durée". Sur la technique du roman, enfin : "Les portraits, tout est là. Il faut portraiturer. Un peintre qui sait faire des portraits, c'est très rare. C'est là où Manet est grandiose, et Bacon, et Picasso", "Les portraits ça vient du français, avec la bibliothèque française : Saint-Simon, La Rochefoucauld, Retz, Proust."

Marc Pautrel

 

 

Un peu de folie et de « contre-folie »

Sud Ouest du 14 février 2014

Cela aurait pu être une soirée très érudite, un peu ennuyeuse, mais pleine d'enseignements. Nous aurions sommeillé en prenant quelques notes, entre deux absences et un bâillement étouffé. À un détail près. Philippe Sollers était très en forme hier soir, couvé du regard par sa compagne Julia Kristeva, il a rempli sa mission d'écrivain iconoclaste. Chez Mollat, les habitués ne s'y trompent pas. Quel que soit le livre qu'il défend, avec Sollers, le spectacle est assuré. Jean-Marie Planes, critique littéraire rompu à l'exercice, a parfois capitulé face à la verve incontrôlable de l'écrivain.


« Médium », publié chez Gallimard sous la plume de Sollers ne fut pas forcément au centre des discussions. « Je raconte la folie des hommes, du monde d'aujourd'hui, la folie de l'argent, notamment, et à la fois je propose un manuel de contre-folie », résume l'écrivain. « Comment faut-il se comporter pour ne pas devenir fou. » Saint-Simon et Casanova sont convoqués. « Je suis élève de Saint-Simon, dit Sollers, comme l'était Proust de façon modeste, ou Céline. Saint-Simon a observé à Versailles les jeux du pouvoir, les complots, les assassinats, les intrigues en concentré. Le grand Stendhal a dit : ''Les épinards et Saint-Simon ont été mes deux seules passions durables.''

 

Puis commencent les digressions sur les écrivains d'aujourd'hui, « les romanciers me gonflent, avec leur poésie misérable, ils n'apportent aucune lumière politique », les journalistes, les politiques qui préfèrent les actrices aux politiques, les histoires de scooter - « le bruit d'un scooter ne réveillera jamais le peuple » -, Julie Gayet et Elsa Zylberstein. « Je suis un écrivain du XXIe siècle, je m'occupe de l'essentiel de ce qui fait la société, même sur le plan technique. » Il claque ses doigts bagués, mouline l'air avec ses bras, vide ses verres d'eau les uns derrière les autres, lâche des regards complices à Julia Kristeva, psychanalyste et particulièrement amusée par la soirée. En fait, Philippe Sollers à Bordeaux, chez Mollat, ressemble au tonton facétieux de retour à la maison. Il cabotine, provoque, déclame des énormités pour faire rire autour de lui. Charme. Le public est plié en deux. Jean-Marie Planes tente de le ramener dans le droit chemin : son bouquin. Hélas. Revoilà Sollers qui s'amuse à décrire un repas à la Maison Blanche, avec Obama et Hollande. Il pouffe à la manière d'un enfant pris les doigts dans la confiture. Dans le public, une dame le questionne sur l'expression « le pénis est un parasite », écrite dans le livre. La réponse est irrésistible de drôlerie, entre Lacan et don de sperme. Fallait y être.

Isabelle Castéra, Sud Ouest du 14 février 2014

 

 

 

Bordeaux, jeudi 13 février 2014, 18h

Librairie Mollat

Rencontre avec Philippe Sollers

à l'occasion de la publication de son nouveau roman Médium

 

avec un film de

G.K. Galabov et Sophie Zhang

PhilippeSollers_Venise_photoSophieZhang

Plus d'informations : http://www.station-ausone.com/evenements/philippe-sollers/

Librairie Mollat
15 Rue Vital Carles, 33080 Bordeaux
Informations : +33 5 56 56 40 40

 

 

 

 

 

 

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