Philippe Sollers
Lettres à Dominique Rolin
reçue à Paris le mercredi 1er août 1979 à 6 heures. (Mardi)
Le Martray, le 31/7/79
Mon
amour,
Oui,
oui, on a eu raison sur tout, absolument : le retrait, le secret :
farouchement, implacablement… C'est l'évidence : le temps est si bref, si long,
si invraisemblablement court et long — tout, mais pas cette bouillie
qu'ils en font, cette espèce de magma sans fibres… Ah, ah, la crise de
l'énergie, le pétrole et maintenant le gaz ! Bon, ça ne fait que commencer.
Mais l'Angleterre tient le coup, il paraît ? Très bon signe. Ça va à toute
allure, le civilisé se voit soudain percuté en plein vol (augmentation des
avions, tu as vu ?). Venise : les gesuati : l'orgue, à midi… Pas de pétrole en ce temps-là ? Pas de gaz ? Et Tiepolo
quand même ? Sans électricité ? Aussi frais ? Je t'aime, je t'embrasse,
Ph
Ce volume réunit deux cent cinquante-six
lettres de Philippe Sollers à Dominique Rolin, depuis la rencontre des deux
écrivains, en 1958, jusqu'à la parution de L'infini chez soi de Dominique Rolin et la fin de la rédaction
de Paradis par Sollers, en 1980. Ces
lettres incisives, émouvantes, rythmées, drôles souvent et d'une grande acuité,
donnent à voir un amour hors du commun, mais aussi l'évolution surprenante
d'une oeuvre, d'un corps et d'un esprit traversant
par bonds audacieux ses « passions fixes » — la Chine, la politique, la
science, la Bible, l'Histoire — et l'expérience de la littérature jusqu'à
ses limites.
Et Dominique Rolin ? Sa parole, déjà
présente, en filigrane, dans les lettres de Sollers, s'exprimera pleinement
dans un prochain recueil. Voici donc le premier chapitre d'une longue et
inclassable aventure amoureuse, unique dans l'histoire littéraire française.
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Dominique Rolin, toujours |
Interview dans LEXNEWS |
Ça balance à Paris, 25 novembre 2017 |
Un monde de livres, par Josyane Savigneau, Radio RCJ, 30 novembre 2017 |